26 juin 2025
Dans un entretien avec le média Watson, Me Loïc Parein, avocat à Lausanne spécialisé en droit pénal, revient sur la publication des statistiques de la criminalité juvénile en 2024.
Selon le communiqué de l’Office fédéral de la statistique (OFS), avec un total de 23’077 jugements rendus à l’encontre des mineurs en 2024, leur nombre est resté stable par rapport à l’année précédente.
Si l’on observe une baisse des infractions au code pénal et à la loi sur les stupéfiants (-2% et -25% respectivement), cette diminution est toutefois compensée par une hausse des infractions à la circulation routière (+8%).
22% des jugements rendus concernant des mineurs sont relatifs à des infractions contre le patrimoine (p. ex. vol et dommages à la propriété). Néanmoins, les infractions au code de la route et à la loi sur le transport de personnes (p. ex. la circulation sans titre de transport) sont aussi souvent à l’origine d’une condamnation (respectivement 17% et 27% de tous les jugements rendus concernant des mineurs).
Les jugements prononcés à l’encontre de mineurs pour des infractions au Code pénal augmentent depuis dix ans en Suisse. Pourtant, selon Me Parein, il faut faire preuve d’une certaine prudence.
Certaines infractions sont aujourd’hui mieux détectées qu’auparavant. Les violences sexuelles en sont un exemple. «Ces dernières ont fait l’objet d’un énorme travail pédagogique», développe-t-il. «Les personnes sont désormais plus sensibles au respect de leur intimité et, par conséquent, on observe une plus grande liberté de dénoncer».
il y a également des nouveautés. Certaines infractions deviennent plus fréquentes sous l’impulsion des nouvelles technologies, qui peuvent jouer un rôle de catalyseur. «Les réseaux sociaux permettent d’injurier quelqu’un simplement, rapidement et, parfois, anonymement», explique Loïc Parein. «L’impact se traduit essentiellement par des atteintes à l’honneur ou à la liberté, comme par des menaces», ajoute-t-il. «La pornographie est un autre exemple typique, car internet a démultiplié l’accès à ce type de contenus et leur circulation».
Certaines affaires très médiatisées peuvent aussi renforcer l’impression d’une violence grandissante, alors que ce n’est pas forcément le cas, ajoute Loïc Parein. «Cela est d’autant plus vrai lorsque des cas particulièrement choquants impliquant des mineurs suscitent une réaction très forte au sein de l’opinion publique», développe-t-il. Et de conclure: «On a des traces au XVIe siècle déjà d’une croyance selon laquelle la jeunesse d’aujourd’hui est plus violente que celle d’hier».